ien n'inquiète autant des parents que l'idée que leurs enfants deviennent des petits égoïstes. Aucune funeste prophétie ne leur est faite plus souvent: leur mode d'éducation donnera-t-il naissance à des tyrans égocentriques?
Sur les étagères des librairies, on trouve bon nombre d'ouvrages qui jouent sur cette peur et recommandent le plus souvent comme remède universel un retour aux bonnes vieilles méthodes. Selon les auteurs de ces livres, la nouvelle génération de "tyrans" trouve sa source dans une éducation trop tournée vers le besoin.
Les parents concernés ont une éducation à base de compliments et de réprimandes
Éducatrice spécialisée, je rencontre moi-même des enfants qui sont avant tout soucieux de leurs propres intérêts et font preuve de peu de compassion. On pourrait les qualifier de "petits cons".
Pourtant, leurs parents n'ont pas une méthode d'éducation axée sur les besoins mais, plus classiquement, sur les compliments et les réprimandes. Cette observation m'a amenée à me demander quels facteurs privilégient un comportement égoïste, antipathique et irrespectueux. Hormis les parents qui négligent complètement leur progéniture, nous essayons tous –indépendamment de notre méthode de prédilection– d'enseigner à nos enfants non seulement la conscience de leurs besoins propres mais aussi la maîtrise de soi, afin d'être capable de s'intégrer dans un groupe ou une société.
Dans une grande majorité des cas, ce grand écart est une réussite.
Alors, si l'éducation classique et l'éducation axée sur les besoins produisent toutes deux des enfants aimables et à l'aise en société, que doit-il se passer – ou, plutôt, ne pas se passer – pour engendrer ces tyrans qui font couler tant d'encre?
Le cerveau nous donne la réponse
La réponse se trouve en partie dans le cerveau et, plus précisément, dans une région appelée cortex préfrontal. Les réseaux neuronaux situés au-dessus des orbites, dans le lobe frontal, jouent un rôle important dans ce que nous considérons comme un comportement civilisé et acceptable en société.
Le cortex préfrontal agit comme un centre de contrôle qui analyse nos décisions spontanées. Si nous sommes en colère, par exemple, et avons très envie de frapper notre agresseur, le désir de violence passe par ce centre de contrôle.
En quelques secondes, celui-ci évalue les conséquences potentielles de notre geste.
Que se passera-t-il si notre opposant devient plus agressif et le danger, plus important? Notre attaque potentielle est-elle un comportement approprié découlant de la colère suscitée?
Est-elle susceptible de causer de gros dommages à notre opposant?
Quelle que soit la décision prise à l'issue de ce processus d'évaluation, la pulsion violente est calmée par le cerveau. On frappe doucement, plus doucement, tout doucement ou pas du tout [cf. Bauer, J. 2013].
Les jeunes enfants doivent d'abord acquérir des réflexes
Les réseaux neuronaux du cortex préfrontal ne sont toutefois pas actifs dès la naissance. Ils mûrissent lentement à partir de la troisième année. Voilà qui explique pourquoi les tout-petits donnent encore des coups ou mordent, immédiatement et sans complexe, quand ils sont mécontents.
Leur centre de contrôle ne fonctionne pas encore. Ce n'est qu'à partir de trois ans que le cerveau commence à stocker les informations nécessaires au processus d'évaluation. Il doit par exemple comprendre à quoi ressemble un être humain en colère.
Un enfant qui ne déchiffre pas les expressions et les gestes de colère de son interlocuteur ne peut pas comprendre le besoin d'altérer son comportement. En outre, il doit également faire l'expérience des conséquences de son comportement et les comprendre: si je tape un autre enfant, il y a de gros risques qu'il me tape en retour.
De la même manière, un chat qui se fait marcher sur la queue témoignera sans doute sa mauvaise humeur à l'enfant d'un coup de griffes. Un adulte qui reçoit un coup donné par un enfant va peut-être le laisser tout seul ou bien pester à haute voix.
► Avec le temps, toutes ces réactions seront enregistrées par le cerveau de l'enfant.
Le cortex préfrontal ne s'occupe évidemment pas uniquement de la décision consistant à frapper ou ne pas frapper quelqu'un. C'est également grâce à lui qu'on peut se fixer des objectifs pour l'avenir : anticiper des actions, se concentrer, contrôler délibérément notre attention et ainsi refouler les éléments perturbateurs, se retenir de manger trop de gâteaux pour ne pas devenir obèse, se ressaisir quand on veut baisser les bras, et ne pas se laisser abattre par les coups durs de la vie.
Bref, notre cerveau, et notamment le cortex préfrontal, représente l'outil suprême de l'être humain, sans lequel nous serions franchement perdus.
► Et c'est là que les choses risquent de mal tourner, là qu'un enfant devient empathique et sociable ou antipathique et égoïste, s'il garde son avenir à l'esprit et travaille pour atteindre ses objectifs ou bien s'il attend que Maman le fasse pour lui. Je n'insisterai pas sur le fait que cette énumération demeure simpliste et qu'il existe évidemment bien d'autres raisons pour un comportement asocial chez l'enfant ou l'adulte. Je suppose que vous le savez déjà.
Voici les erreurs d'éducation qui peuvent engendrer des "petits cons" ou des "tyrans":
1. Les gens qui les entourent ne montrent pas leurs véritables sentiments
Comme je l'ai expliqué précédemment, le cerveau d'un enfant doit d'abord pouvoir enregistrer l'éventail des sentiments existants.
► Quelles sont les expressions et les gestes qu'utilisent les gens qui éprouvent ces sentiments et comment réagit-on de façon appropriée lorsque l'on est récepteur de ces sentiments?
Je travaille avec des enfants atteints de troubles du comportement, bien souvent incapables de déterminer l'état émotionnel de leur interlocuteur : ils ne remarquent pas quand leurs actions provoquent la colère des autres.
Ils ne sont pas capables de lire les expressions sur le visage ou la posture de l'autre. Puisqu'ils ne reconnaissent pas ces signaux, ils continuent souvent jusqu'à ce que l'autre explose. C'est alors qu'ils prennent conscience de ses sentiments.
Ils interprètent l'explosion comme un signal, mais c'est souvent une surprise pour eux. À l'école, nous devons donc leur enseigner pas à pas à décoder les expressions et les gestes des personnes de leur entourage. Par exemple, le fait que les sourcils froncés sont souvent un signe d'énervement et les larmes, symptomatiques de la tristesse.
Normalement, c'est là le rôle des parents ou des éducateurs, quand l'enfant est encore très petit. Ils lui enseignent à se mettre à la place d'un autre, le comprendre, voire adopter son point de vue.
Les enfants doivent apprendre à gérer les sentiments
Ici entre en jeu une autre mission de l'éducateur: les enfants doivent faire l'expérience de la juste réaction face à une personne triste ou en colère.
► On prend dans ses bras, on console, on laisse pleurer quelqu'un qui est triste ou qui s'est fait mal.
Avec une personne en colère, on se contente d'écouter attentivement, sans proposer de solutions si l'autre ne les a pas demandées. Un enfant apprend à traiter les autres avec compassion en étant lui-même traité avec compassion, dans des situations douloureuses, tristes ou énervantes.
Les parents donnent aux enfants un mauvais exemple de réaction
Le problème, c'est que les parents de mes petits patients n'ont eux-mêmes pas appris tout ça dans leur enfance. Ils ne peuvent donc pas transmettre ce savoir à leurs enfants. Ils réagissent – involontairement – froidement quand leurs enfants tombent et pleurent. Ils leur disent: "Allez, debout. Arrête de pleurer. C'est rien du tout."
► Une telle réaction pose problème. Quand une vieille dame trébuche et tombe sur le trottoir, on ne va pas la voir en disant: "Allez, debout, c'est pas si grave." On accourt et on lui demande si elle souhaite qu'on appelle une ambulance.
On la soutient et on l'aide à trouver un endroit où s'asseoir. On reste auprès d'elle jusqu'à ce qu'elle nous dise qu'elle va bien. C'est là une réaction parfaitement normale... pourvu qu'on en ait fait l'expérience dans l'enfance.
Le comportement des parents est contre-productif
Il est donc très important, une fois adulte, de réagir avec naturel quand les sentiments bouillonnent en nous. En tant que grande personne, même si l'on est en colère, il est inutile de lancer d'une voix enjouée: "Oh, ben ça, c'était pas gentil, Constantin!" en affichant un grand sourire.
► C'est contre-productif dans la mesure où le cerveau de l'enfant n'est alors pas en état d'enregistrer correctement les sentiments en jeu chez l'interlocuteur quand il cogne, fait preuve d'insolence ou même quand il fait quelque chose de bien.
Pour éprouver de l'empathie, et agir avec empathie, il est absolument essentiel d'enregistrer correctement le lien action-réaction.
C'est important. Sinon, l'évaluation du danger ne peut pas fonctionner correctement. Dans le cerveau, le centre de contrôle décide en quelques secondes si on a intérêt à rendre le coup ou si l'on risque de causer trop de dégâts à soi-même ou à l'autre.
► Pour évaluer le danger, le cerveau a besoin d'informations fiables (ce qui ne veut pas dire que l'adulte doive rendre le coup pour que l'enfant "apprenne"!)
Globalement: vous avez tout intérêt à exprimer les sentiments que vous éprouvez à l'aide d'un répertoire expressif et gestuel riche pour favoriser le développement de l'empathie et le travail du cortex préfrontal chez l'enfant.
Les poussées de colère incontrôlée ne sont pas naturelles
Ici, je voudrais tout de même ajouter un mot d'avertissement: le "pétage de plomb" de la part des parents n'est pas franchement naturel. Selon moi, le mot "naturel" est trop souvent mal interprété par des parents qui justifient leur poussée de colère incontrôlée par "Ah, moi, je suis comme ça. Quand j'ai quelque chose à dire, je le dis."
Eh bien non, en fait. Surtout pas.
► Vos enfants ont peut-être déclenché une crise incontrôlée de cris, de beuglements et d'explosions. Mais ils ne sont pas la véritable cause de vos sentiments extrêmes. Ils ne doivent donc pas en subir les conséquences.
Selon les spécialistes, une telle explosion incontrôlée de la part du parent est une réaction dont l'élément déclencheur, le moment et le lieu ont été déplacés et qui devrait en réalité avoir eu lieu durant sa propre enfance mais n'a pas pu être vécue à l'époque [cf. Maaz, H-J., 2014].
La question de savoir si c'est une vérité absolue peut faire l'objet de débat. Néanmoins, elle ne revêt pas une importance primordiale dans le cas qui nous occupe.
► Ce qu'il importe de garder à l'esprit, c'est que l'enfant n'est pas responsable des sentiments des parents. Ceux-ci relèvent de notre propre responsabilité. Renoncer à cette responsabilité et reporter la faute sur l'enfant n'est pas un comportement adulte.
2. Les gens qui les entourent font tout pour que les enfants ne soient jamais déçus
Pour pouvoir faire face à la vie, les enfants doivent apprendre la résilience, apprendre à encaisser les coups durs et les surmonter pour en sortir plus forts.
Les conditions neuronales de la résilience se trouvent dans le cerveau humain, mais elles aussi doivent être développées. Le développement de la résilience repose principalement sur la capacité d'autocontrôle et d'intégration en société.
► Si, depuis tout petit, un enfant apprend qu'il peut obtenir et réussir ce qu'il veut par lui-même, il grandit avec cette idée et développe une véritable conscience de soi.
Si les personnes auxquelles il est attaché lui font sentir qu'elles le pensent, elles aussi, capable de réussir des choses, l'effet s'en trouve décuplé.
L'attitude des adultes est bien plus importante que leurs paroles
Pour le cerveau de l'enfant, il est beaucoup plus marquant de sentir l'adulte agripper avec anxiété l'enfant en pleine escalade que de l'entendre dire: "Tu peux le faire."
► L'enfant retiendrait alors surtout le sentiment mitigé de ne pouvoir réussir l'escalade qu'avec une aide extérieure. Il est donc crucial de les laisser, dès le début, essuyer des échecs.
Même les bébés, qui geignent parce qu'ils ne savent pas ramper vers l'avant pour atteindre le jouet qu'ils convoitent, n'ont pas besoin d'aide, tant qu'ils ne se mettent pas à pleurer. La frustration qu'ils éprouvent constitue les prémices de leur motivation à se surpasser et apprendre de nouvelles choses.
Si les grandes personnes se montrent trop précautionneuses, elles leur coupent les ailes au lieu de les aider à surmonter les obstacles
Les enfants doivent également apprendre à surmonter les difficultés émotionnelles, ce qui est souvent difficile à supporter pour nous, parents. Supposons qu'au moment de l'éplucher, une banane se brise et que l'enfant pique une colère en exigeant qu'on reconstitue le fruit.
En tant que parent, on peut être tentés de faire apparaître, comme par magie, une nouvelle banane, plutôt que d'assister au gros chagrin de l'enfant pendant une demi-heure.
Idem lorsqu'un jouet se casse ou se perd. Dans une tentative de consoler l'enfant, on entend souvent les parents promettre de racheter le jouet.
Je peux très bien le comprendre. Moi aussi, j'ai longtemps agi ainsi. Je ne pouvais tout simplement pas supporter de voir mes filles aussi tristes.
Les parents doivent supporter le chagrin de leurs enfants
Si un serre-tête favori se casse pendant une séance de jeu, j'en achetais vite un nouveau. Si une des filles était invitée à dormir chez une amie, j'autorisais l'autre, comme lot de consolation, à regarder un film dans l'après-midi.
Je ne compte plus le nombre de bananes, de biscuits et de saucisses brisés que j'ai remplacés au cours d'une année! Alors que je sais fort bien que ce n'est pas la meilleure manière de faire.
► J'aurais mieux fait de les consoler et de les accompagner dans leur tristesse, plutôt que d'éponger rapidement la déception. Parce qu'en agissant ainsi, j'ai contribué à affaiblir toujours un peu plus la capacité de leur cerveau à supporter la frustration.
Les cadeaux ne soignent pas la déception
Prenons l'exemple d'un père, qui serait très pris par son emploi et qui, par conséquent, ne pourrait accompagner son fils à la pêche comme il l'avait promis. Pour le consoler, il lui offre une nouvelle canne à pêche. Un cadeau coûteux qui n'est d'aucune aide à l'enfant.
► Certes, la canne à pêche est belle et chère, mais le père suggère ainsi au cerveau du fils qu'il est inutile de surmonter la déception et la douleur, et qu'il suffit de détourner son attention.
Si, au contraire, le père s'assoit un soir pour expliquer la situation à son fils, s'il supporte les larmes et la colère de celui-ci, s'il offre son épaule pour pleurer puis réconforte l'enfant, le cerveau de l'enfant s'en trouve renforcé.
► À l'avenir, dans une situation décevante, l'enfant ne craquera pas. Il pourra maîtriser sa déception, parce que, grâce à une personne de référence, son cerveau a déjà enduré la déception. Il sait qu'il peut la surmonter.
Plus l'enfant a l'occasion d'y parvenir, mieux il apprendra à gérer sa déception. En outre, surmonter ensemble la déception et la douleur provoque dans le cerveau un feu d'artifice d'hormones de bonheur.
Après avoir pleuré, le fils se sent épuisé mais néanmoins heureux et satisfait. Le lien social et l'écoute compatissante du père ont permis cela. Une nouvelle canne à pêche est donc complètement inutile.
3. Les gens qui les entourent offrent des substituts d'apaisement plutôt qu'un véritable réconfort
Un cadeau, comme une canne à pêche, en guise de lot de consolation ne satisfait que le système de base, paresseux, du cerveau. Celui-ci aime voir ses besoins rapidement satisfaits et devient, s'il est régulièrement alimenté, plus puissant que le cortex préfrontal.
Le cerveau apprend alors à repousser la douleur (au lieu de la surmonter, comme dans l'exemple précédent) et à se rabattre sur la satisfaction de ses besoins, qui déclenche une sorte d'hormone de la récompense. L'être humain se sent bien pendant une courte période [cf. Bauer, J., 2015].
Lorsque l'enfant apprend de ses parents à se distraire de la douleur avec de "jolies choses", le cerveau n'acquiert pas une capacité de résilience mais apprend à se servir d'un substitut: manger, boire, dépenser de l'argent, jouer à des jeux vidéo. Il y a une différence qualitative entre la première et la deuxième méthode de réconfort.
Avec le réel réconfort, on se sent véritablement bien et apaisé. Le faux réconfort camoufle le problème. Si les parents ont parfois recours à cette méthode, ce n'est pas bien grave – cela m'arrive –, mais sachez que ce n'est qu'un déguisement, un masque, qui tombe facilement.
Un substitut d'apaisement conduit les enfants à abandonner plus vite
C'est un problème du fait que cela génère des individus inaptes à la vie, des personnes qui s'effondrent au plus petit obstacle ou n'entreprennent rien par peur de l'échec.
Le monde du travail se plaint déjà depuis quelque temps que les jeunes recrues ne sont pas habituées à "se débrouiller". Et même à – pardonnez-moi l'expression – "se casser le cul" pour mener un projet à bien.
Comment pourraient-ils en être capables si leur cerveau n'a jamais été entraîné à cela? Si, dans une situation difficile ou triste, on leur offre systématiquement une distraction à la douleur ou un substitut d'apaisement?
4. Les gens autour d'eux n'osent pas fixer leurs propres limites
Les parents qui voulaient justement faire les choses différemment de leurs propres parents ne remarquent pas toujours quand les enfants franchissent les limites qu'ils avaient fixées. Une lectrice du blog me racontait un jour une situation dans laquelle elle a laissé sa fille dépasser trop franchement les bornes.
La mère s'était cassé le pied et marchait avec difficulté, avec un plâtre. Sa fille avait alors trois ans et demi et avait du mal à s'habituer à une maman si peu mobile.
► Par peur, elle laissait toutes sortes de choses lui arriver, dans l'espoir de contraindre sa mère à se lever. Elle avait besoin d'aide pour la moindre petite chose.
La mère, ayant conscience que sa fille agissait ainsi parce qu'elle était effrayée de la voir rester des heures allongée faiblement, se hissait continuellement hors du canapé pour l'aider.
Une fois, elle a dû attraper une robe dans l'armoire; une autre, retrouver une poupée disparue. Cette courte période durant laquelle la mère était de nouveau "comme avant" semblait faire du bien à l'enfant. Mais, après coup, le pied de ma lectrice s'est mis à lui faire tellement mal qu'elle n'a pu que rester allongée.
Un jour, la petite a demandé de l'aide pour aller aux toilettes, ce qu'elle pouvait déjà faire seule depuis bien longtemps. Immédiatement, la mère lui a dit qu'elle ne pouvait pas se lever parce que son pied cassé la faisait souffrir. Elle a même proposé à sa fille d'installer son petit pot près du canapé pour être à côté de Maman. Un très bon compromis.
Mais la petite a insisté avec force pour que sa mère l'accompagne aux toilettes. Sinon, a-t-elle menacé, elle ferait dans son pantalon. La mère a obéi et s'est levée de nouveau, bien que cela lui cause des douleurs infernales et pèse bien trop sur son pied.
Les parents doivent fixer des limites aux enfants
Je suis l'une des premières à dire qu'il est important de prendre au sérieux les peurs des enfants et de faire (presque) tout notre possible pour les calmer. Néanmoins, il est aussi important de savoir dire "stop" quand on ne se sent pas bien ou qu'on a atteint nos limites.
Dans son livre Leitwölfe sein ["Être à la tête d'une famille"], Jesper Juul a abondamment décrit ce phénomène. Si les parents ne fixent pas des limites claires, comment les enfants peuvent-ils apprendre à traiter les autres avec respect?
► La capacité à se contrôler, c'est-à-dire à maîtriser ses envies et ses pulsions et supporter que certains besoins ne soient pas satisfaits, est gérée par le cortex préfrontal et s'améliore avec la pratique.
Outre les parents et autres adultes référents, les groupes d'enfants offrent de bons partenaires pour s'exercer à cela. Car les enfants font souvent sentir très clairement leurs limites à leurs camarades.
Lorsqu'un enfant ne souhaite pas être pris dans les bras et embrassé à un moment donné, il repousse simplement celui qui souhaitait exprimer son affection. Bien sûr, ce n'est pas vraiment une manière socialement acceptable de signifier ses limites. Mais c'est une méthode plus directe et claire.
Les parents doivent faire attention à leur façon de s'exprimer
► Évidemment, les adultes qui fixent leurs limites doivent opérer avec plus de prudence afin de ne pas blesser l'intégrité de l'enfant.
Il existe une grosse différence entre dire: "Je n'ai pas envie de jouer avec toi maintenant. Je suis très fatigué et je voudrais d'abord finir mon café tranquillement. Je viendrai après. Pour l'instant, joue tout seul, s'il te plaît" ou "Ah, putain, mais laisse-moi finir mon café tranquille! J'ai pas envie de jouer avec toi maintenant. Tu vois pas que Je suis crevé? Tu joues tout seul, maintenant!"
Dans un cas comme dans l'autre, le parent a dit clairement qu'il ou elle était fatigué(e) et ne voulait pas jouer tout de suite. Mais la deuxième version est blessante.
Face à ce genre de communication parentale agressive, les enfants réagissent souvent par un comportement provocateur. En fixant des limites de façon à ne pas blesser, on favorise normalement une attitude coopérative.
La mère au pied cassé aurait pu dire à sa fille: "Je suis désolée. Je sais que ça te fait peur de me voir toute faible et allongée mais je ne peux pas t'aider aujourd'hui. Mon pied a besoin de repos et c'est important pour moi qu'il guérisse vite. Je peux t'aider à faire certaines choses, si tu me les apportes sur le canapé. Mais aujourd'hui, c'est vraiment le maximum que je puisse faire."
La fille aurait pu s'énerver. Peut-être même aurait-elle vraiment fait dans son pantalon. Mais elle aurait appris que sa mère a des limites et qu'elle ne plierait pas, quel que soit le type de chantage auquel sa fille ait recours.
5. Les gens qui les entourent se montrent imprévisibles
Quand j'étais à la maternelle, j'avais une meilleure amie. Elle s'appelait Anja et elle avait exactement un jour de moins que moi. Elle vivait au neuvième étage de l'immeuble voisin et je l'adorais.
Ce qui me pesait était la terreur que m'inspiraient ses parents. On ne savait jamais comment ils allaient réagir.
Parfois, ils étaient super gentils, nous couvraient de bonbons et nous laissaient pendant des heures regarder la télé sans surveillance. Mais souvent, et généralement de façon imprévisible, ils se mettaient en colère et me jetaient dehors. Je ne savais jamais ce que j'avais fait de mal. Un mot déplacé, un regard inapproprié, un gloussement naïf au mauvais moment et hop, dehors!
Tous les jours, je sonnais chez Anja, pour lui demander de venir jouer avec moi dans la cour. Nous avions décidé depuis longtemps que c'était plus simple que d'aller chez elle. Elle m'ouvrait la porte de l'immeuble avec joie et nous nous réjouissions de pouvoir nous retrouver dehors. Mais il fallait d'abord surmonter – chaque jour – le plus gros test de patience.
Tout devait se passer sans accroc durant les cinq minutes entre le moment où je sonnais et le moment où l'ascenseur arrivait à son étage. Si elle m'ouvrait la porte en rayonnant, nous étions dans un bon jour. On pouvait alors descendre ensemble.
Dans la majorité des cas, toutefois, elle avait, au cours de ces cinq minutes, dit ou fait quelque chose – ou bien n'avait pas dit ou pas fait quelque chose – qui faisait instantanément perdre les pédales à son père. Elle ouvrait la porte en larmes et secouait simplement la tête en sanglotant.
À chaque fois, ça me brisait le cœur et je reprenais rapidement l'ascenseur. Seule.
Les réactions incontrôlées des parents affectent les enfants
Il était chaque jour un peu plus pénible d'appuyer sur la sonnette, par peur de l'arbitraire. Pourtant, je l'ai fait maintes et maintes fois. Il y avait parfois de bonnes périodes. Et, comme je l'ai dit, nous étions extrêmement soudées, comme deux petites blondinettes ricanantes de cinq ans peuvent l'être. Je ne voulais pas l'abandonner à son enfer.
Un jour, la famille a déménagé et nous nous sommes perdues de vue. Je ne me souviens plus de son visage ni de sa voix. Mais je sens encore, profondément ancrée en moi, la terreur dans mon estomac quand je passe devant son immeuble et que je regarde en direction du neuvième étage.
Si cela me pesait tellement autrefois, comment Anja l'a-t-elle vécu?
Des structures claires donnent aux enfants une assurance comportementale
Dans un article sur la différence entre souhaits et besoins, j'ai écrit que les gens ont un besoin fondamental de structure et d'ordre dans leur vie. Lorsqu'ils ne peuvent pas prévoir, sur une période prolongée, le déroulement de leur journée, ils s'angoissent et tombent malade.
► La même chose s'applique au comportement des parents: il doit posséder une structure que l'enfant comprenne afin de savoir à quoi s'en tenir. Les enfants ont besoin d'adultes qui se comportent de façon prévisible car c'est ainsi qu'ils s'orientent. Cela leur permet à eux aussi d'assurer leur comportement.
Les parents d'Anja, eux, ne se comportaient pas de façon prévisible. Comme je l'ai écrit plus haut, nous ne savions jamais ce qui déclencherait une crise chez son père ou sa mère. Pas une fois nous n'avons été en mesure de déterminer ce que nous avions bien pu faire. Globalement, nous essayions d'être aussi invisibles que possible en leur présence. Mais c'était souvent peine perdue.
Les parents sont responsables du comportement de leurs enfants
Je ne sais pas si Anja est devenue un "tyran" ou une "petite conne". Elle a disparu de ma vie quand j'avais sept ans.
► Néanmoins, je vois les élèves de mon école auxquels la société attribue des "troubles du comportement" et je sais que nombre d'entre eux sont, comme elle, entourés d'adultes imprévisibles.
Voilà qui rend infiniment plus difficile pour le cortex préfrontal l'enregistrement de règles applicables aux interactions humaines. Si, petit, vous donniez des coups à vos parents, c'est peut-être parce qu'ils frappaient fort en retour, parce qu'ils vous ignoraient ou même parce qu'ils riaient, fiers de la force prématurée de leur garnement. Lequel de ces exemples de réaction le cerveau devrait-il enregistrer comme "correct"?
Lorsqu'il n'a aucun point de repère pour prévoir le comportement de ses parents au cours des minutes à venir, l'enfant ne peut pas grandir normalement. Il ne peut pas assimiler les règles d'un vivre-ensemble "normal", socialement acceptable et souhaitable, mais réagit avec la même impétuosité et se heurte aux autres, de la crèche à l'école.
Il faut alors d'autres personnes d'attachement fiables, comme des professeurs, des éducateurs, des travailleurs sociaux ou des amis du même âge, pour apprendre le contact "normal" avec les autres.
Agissez avec naturel
Je précise que je ne parle pas littéralement de vous, chers lecteurs et lectrices! Vous vous retrouvez très certainement dans des situations où vous réagissez comme-ci ou comme-ça, selon l'humeur du jour. C'est tout à fait normal.
Je suis pareille. Le caractère imprévisible est tout autre. Dans 95% des cas, votre enfant comprend pourquoi vous réagissez ainsi.
Quand vous êtes encore fatigués, vous êtes plus grognons que lorsque vous êtes bien réveillés. Quand vous avez eu une journée de travail stressante, il est probable que vous soyez moins prêts à rire dans la soirée.
► C'est ce que j'appelle le naturel: c'est ainsi que vos enfants apprennent à vous connaître. Je suis certaine que vous expliquez également à vos enfants la raison de votre conduite. Peut-être dites-vous quelque chose comme: "La journée m'a épuisée, j'ai du mal à supporter vos bêtises aujourd'hui. Je vais me reposer un peu, d'accord?"
Ceux dont je parle, ce sont les parents maladivement imprévisibles. Eux ne lisent pas ce blog parce qu'ils ne pourraient jamais imaginer que leurs actes puissent faire du mal à leurs enfants. Alors je vous en prie, ne prenez pas ce cinquième paragraphe trop à cœur, d'accord?
6. Les gens qui les entourent passent outre le refus des enfants
Ces derniers temps, on a pu lire dans les médias de plus en plus de récits d'abus sexuels durant lesquels le "Non!" d'une femme n'a pas été accepté comme un "Non" par un ou plusieurs hommes.
À l'Université de Stanford, aux États-Unis, un étudiant, Brock Turner, a abusé de la sœur d'une camarade. Elle avait trop bu à une soirée et était inconsciente. Gina-Lisa Lohfink, starlette de la télévision, a été violée par deux hommes et filmée. Dans la vidéo, on l'entend clairement répéter plusieurs fois "Arrête!"
Je ne veux pas aborder ici la question de la prise en charge judiciaire du viol. Celle-ci a déjà fait couler beaucoup d'encre. Je me pose simplement la question de savoir comment un jeune homme comme Brock Turner peut croire une seule seconde qu'il est acceptable d'abuser d'un autre être humain.
Les enfants apprennent par l'expérience
Ses parents ne lui ont-ils pas enseigné que non, ça veut dire non? Je ne connais pas personnellement sa famille, mais Brock me semble aussi ordinaire que n'importe quel jeune homme.
Je suppose que ses parents l'ont "bien élevé" et qu'ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour lui inculquer le respect des femmes.
Je suis relativement certaine que ni son père ni sa mère ne lui ont jamais dit qu'il était acceptable de passer outre le refus d'une femme et de la violer.
Alors comment a-t-on pu en arriver là? Où l'éducation a-t-elle échoué pour faire d'un garçon ordinaire un délinquant sexuel?
La réponse est aussi simple qu'elle est choquante. Nos enfants apprennent avant tout ce dont ils font l'expérience, plus que ce qu'on leur dit. En regardant autour de vous, vous apercevrez peut-être là-bas, sur le banc, une mère qui cherche à donner une purée à son bébé.
► Le bébé détourne la tête et garde la bouche fermée: une réponse non verbale mais claire. Qu'importe, la mère enfourne cuillère après cuillère dans la bouche de son enfant. Quand il baille, quand il rit ou quand il est distrait par les voitures alentours. Elle estime que son bébé doit encore manger.
Le non des enfants veut aussi dire non
Regardez de l'autre côté de la rue, et vous verrez peut-être ce père et son fils de deux ans qui s'est jeté sur le trottoir en hurlant "Non!" parce qu'il refuse d'aller plus loin. Le père soulève son marmot qui gigote et le maintient fermement sous son bras. Il continue comme s'il n'entendait pas les protestations de son fils.
De l'autre côté de la route, observez cet enfant d'un an dans sa poussette, qui retire continuellement son chapeau. Irritée, sa grand-mère fait un double nœud sous son cou pour que le petit ne puisse plus mettre son "Non" en application.
Quand on leur demande si, dans un contexte sexuel, le refus d'une femme est vraiment un refus, 100% des parents répondront oui, je pense. Nous souhaitons tous élever nos enfants dans ce sens. Personne ne voudrait que son fils touche une femme sans son consentement. Mais combien de parents enseignent involontairement le contraire à leurs enfants?
Que comprend un enfant qui dit non et doit quand même faire ce que veulent les parents?
L'enfant apprend que c'est le plus fort qui décide quand un refus est vraiment un refus.
Que nous le voulions ou non, le "C'est pour ton bien!" des parents n'est pas très éloigné du "Je sais que t'en as envie!" du violeur. Un jour, quand mes filles étaient encore petites, j'ai essayé de laver les dents de l'une contre son gré.
J'étais réellement convaincue de devoir le faire, que c'était pour son bien. Mais elle se débattait comme si sa vie en dépendait.
Elle criait, gigotait, je devais la serrer de toutes mes forces. On aurait dit que j'allais la violer! En m'en rendant compte, je l'ai immédiatement lâchée et je me suis promis de ne plus jamais la traiter avec une telle violence. Ce moment horrible a résonné en moi pendant très longtemps.
► J'ai compris que si la personne qui lui était la plus proche au monde ignorait son refus, elle ne pourrait pas comprendre que celui-ci avait de l'importance. Comment nos enfants peuvent-ils développer une conscience de soi suffisante pour fixer des limites aux inconnus, si leurs parents les forcent constamment à ignorer ces limites?
► Comment nos fils peuvent-ils apprendre à ne pas utiliser la force et à ne pas ignorer un "Non" si nous les prenons dans nos bras et les emmenons où bon nous semble lorsqu'ils sont petits et faibles?
Voilà qui pourra également vous intéresser. Vous vous demandez pourquoi vos enfants ne se tiennent pas bien à table?
Il existe des situations dans lesquelles les parents doivent passer outre le refus des enfants
Arrivée à ce point, on me donne souvent comme contre-argument le fait qu'il n'est pas toujours idéal pour les parents d'écouter le "Non" de leurs enfants.
On cite souvent l'exemple de cette mère qui avait traversé Munich à vélo par 11°C, avec son enfant de un an, nu dans son siège, et qui avait expliqué aux policiers l'ayant arrêtée que l'enfant l'avait demandé.
Rien ne peut excuser le comportement de la mère. Elle a fait preuve de négligence. Naturellement, il existe des situations dans lesquelles les parents doivent passer outre le refus de leurs enfants.
Si le petit garçon de deux ans se jette non pas sur le trottoir mais au milieu de la route, il est évident que le père se doit de le prendre dans les bras et de le mettre en sécurité.
► Les parents ont le devoir et le droit d'exercer sur leurs enfants un "pouvoir de protection". Même en faisant usage de la force en cas de nécessité. Mais de telles situations ont-elles souvent lieu?
Les adultes doivent faire usage de leur pouvoir et de leur force à bon escient
Au quotidien, les principales raisons pour lesquelles les parents ignorent les limites fixées par leurs enfants sont le manque de réflexion, le manque de temps et la paresse. Et c'est là que je voudrais vous sensibiliser à quelque chose: nos enfants apprennent que "Non" veut vraiment dire "Non" beaucoup plus tôt et de façon beaucoup plus claire que la plupart des gens l'imaginent.
► Quand nous ignorons constamment leur refus, sans nécessité particulière, ce message peut s'inscrire dans leur tête.
Cela ne veut pas dire qu'ils deviendront forcément des violeurs. Si l'explication était si simple, nous pourrions déjà empêcher les pires crimes du monde depuis longtemps!
En revanche, les adultes doivent faire usage de leur pouvoir et de leur force à bon escient. Même au quotidien et sous pression, ils doivent se demander s'il est réellement acceptable de forcer l'enfant à enfiler un pull ou bien si l'on pourrait se contenter de l'emporter pour le lui donner quand l'enfant aura lui-même remarqué qu'il fait froid.
Je sais bien que ça ne peut pas fonctionner à chaque fois. Souvent, je dois moi-même passer outre les refus de mes enfants, parce que c'est la seule solution. Mais je fais tout de même attention à ce que, pour chaque refus que je dois ignorer, il y en ait plusieurs que j'accepte et que je respecte.
7. L'enfant vit des expériences qui échappent à "l'éducation" des parents
Plus haut, j'ai annoncé six erreurs d'éducation qui favorisent le développement de "petits cons" ou de "tyrans". Néanmoins, il reste un septième point que je n'ai pas compté car il échappe à l'influence des parents.
Le voici: parfois, les parents et éducateurs font objectivement tout ce qu'il faut et leurs enfants évoluent néanmoins dans un sens désagréable pour tout le monde.
► Malheureusement, il existe toute une série d'expériences potentielles (et extrêmes) qui peuvent marquer un enfant. Que ce soit l'expérience de la guerre ou d'autres traumatismes qui rendent l'accès à leurs sentiments difficile, car ils risqueraient de subir un nouveau choc. Il y a beaucoup de choses que les parents ne peuvent pas empêcher.
Parfois, ils n'en ont même pas conscience. Ils s'échinent ensuite à aider leurs enfants à se développer dans un sens plus acceptable socialement. Il leur arrive d'échouer quand même.
La conduite d'un enfant a toujours une raison
Cela ne signifie pas que les enfants traumatisés sont des "petits cons" ou des "tyrans". Selon moi, les "petits cons" n'existent pas. Ce que nous voyons de l'extérieur n'est qu'une toute petite partie de leur répertoire comportemental.
La conduite des enfants a toujours du sens. Vous savez que je le répète beaucoup. Quand leur comportement est destructeur, antisocial ou agressif, il l'est pour une raison qu'il faut souvent pouvoir déchiffrer.
En conclusion
Ce que vous devez retenir de cet article, c'est que vous êtes de bons parents. Vos enfants ne deviendront ni des "tyrans" ni des "petits cons", même s'ils sont par moment impossibles. Peu importe l'éducation que vous leur donnez, il y a tout à parier qu'ils deviendront des adultes sociables et avenants.
Même mes élèves les plus extrêmes sont devenus plus supportables avec le temps. Parce qu'à l'école, nous leur avons donné quelques éléments de base.
Les enfants doivent apprendre à se mettre à la place de l'autre. Ils ont besoin d'empathie, d'amour, de sollicitude et d'une réelle confiance. Ils doivent se heurter de temps en temps aux limites des autres et être contraints de les respecter. C'est là tout le secret d'une bonne éducation.
Cet article est d'abord paru sur le blog allemand Gewünschtestes Wunschkind ("L'enfant le plus aimé").
Le livre Cet enfant qui nous pourrit la vie (mais que nous aimons tant!) des blogueuses Danielle Graf et Katja Seide sera disponible en français fin août.
Ce blog, publié à l'origine surle HuffPost allemand, a été traduit par Lison Hasse pourFast For Word.
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